Après mon ministère de curé-doyen à Verviers, je viens de
passer cinq mois dans le diocèse de Kayes au Mali. Je m’étais mis au service de
Monseigneur Jonas Dembélé qui était venu comme vicaire dominical à Verviers en
2009-2010 lors de ses études à Lumen Vitae.
Le diocèse de Kayes : un diocèse immense à l’ouest,
nord-ouest du pays, à la frontière de la Mauritanie au nord et du Sénégal à
l’ouest. Près de 160.000 Km2, soit plus de 40 fois la superficie du diocèse de
Liège (province de Liège 3.844 Km2) et plus de 5 fois celle de la Belgique
(30.688 Km2). Une population de près de 3.000.000 habitants et 9.000 catholiques, soit à peine
0,30%. Sept paroisses avec de petites communautés et équipes de un à trois
prêtres et trois ou quatre religieuses. Surtout du clergé diocésain avec en
plus, au nord, dans la paroisse de Nioro-du-Sahel une communauté de
Missionnaires d’Afrique africains (Pères Blancs) et dans les autres paroisses
deux prêtres d’autres diocèses du Mali, un Burkinabé et moi, Belge.
J’étais dans la paroisse, à Liège on dirait « unité
pastorale », de Kayes, la paroisse cathédrale, avec l’évêque, le
curé-vicaire général et un jeune vicaire du diocèse de Mopti où j’ai habité et
travaillé de 2003 à 2008. J’y avais différentes missions.
Un travail dans l’enseignement. « Aumônier diocésain de
l’enseignement catholique du diocèse de Kayes ». Des contacts et
rencontres surtout avec les directions et les enseignants qui ont débouché sur
des animations sur le thème « L’enseignant, guide et modèle ».
Le diocèse compte huit écoles. A Kayes, deux premiers cycles
(6 premières années) et un second cycle (3 années) ; à Kakoulou, à 30 km
de Kayes, un premier cycle et un second cycle ; à Kita, à 400 km de Kayes
(ce qui m’a permis de beaux déplacements par piste et traversées du fleuve
Sénégal en bac), deux premiers cycles et un second cycle. Pour l’année
2017-2018, cela faisait 2.724 élèves, avec des classes d’une quarantaine
d’élèves, mais parfois une soixantaine. Moins d’un cinquième des élèves et la moitié
des enseignants sont catholiques. Les autres musulmans et quelques protestants.
Certaines classes étant dans un état de saleté avancé, avec
l’argent que je reçois, j’aiderai à en repeindre.
Un peu de travail administratif, doubles des registres, statistiques, qui m’a permis de plonger dans les archives de l’histoire du diocèse. La première paroisse a été créée en 1888 par les Pères du Saint Esprit. A lire les rapports et récits des Pères, je découvre que l’Evangélisation a toujours été difficile, portant peu de fruits malgré un accueil plutôt sympathique des populations locales. Certaines communautés sont nées de la conversion des habitants, d’autres de l’arrivée dans les villes ou villages de chrétiens y venant pour raisons professionnelles. Ce qui explique la petite taille et la dispersion des communautés. Parfois seulement une famille ou une dizaine de personnes ; les prêtres y viennent plusieurs fois par an, souvent pour des célébrations. Le reste du temps, ces communautés se prennent en charge pour l’organisation des activités et des célébrations.
De la présence et un accompagnement de divers groupes, Amis de Kizito (enfants), CEEC (Communauté des élèves et étudiants chrétiens), groupes d’adultes (surtout des hommes, les femmes ayant des activités spécifiques avec les Religieuses)
Et des célébrations à Kayes ou dans les communautés de la
paroisse. Avec de 12 à 150 km de déplacement par route mais aussi par pistes.
Les chrétiens sont très largement minoritaires mais,
généralement, reconnus et respectés dans leur foi et leur vie chrétienne.
Toutefois être minoritaire et vivre sa foi en milieu majoritairement musulman
est loin d’être facile. C’est vivre des valeurs et des célébrations non
partagées par l’ensemble de la population et à certains moments cela demande
volonté et courage. Malgré ces difficultés beaucoup vivent leur foi avec
beaucoup de fidélité.
De retour en Belgique, je suis au service de l’unité
pastorale de Theux et du doyenné de l’Ardenne comme prêtre auxiliaire. Avec un
nouveau départ pour le Mali en octobre pour poursuivre le travail commencé. En
espérant que l’état de sécurité du pays le permettra.
François-Xavier Jacques