Méditations pandémie
Méditation-Prière –Mardi 26.05.2020
7e mardi du Temps Pascal
Première Lecture | Actes 20, 17-27 |
Psaume | Psaume 67 (68), 10-11, 20-21 |
Evangile | Jean 17, 1-11a |
Quelle sagesse de la liturgie ! Comme une mère l’Église sait combien La parole demande du temps pour être vraiment entendue et assimilée et elle nous la répète pour qu’elle chante comme une musique dans nos oreilles et nos cœurs et souvent en semaine elle reprend et propose de nouveau l’évangile du dimanche. Ce qui est le cas pour aujourd’hui. Entretemps nous avons pu méditer sur les notions de « vie éternelle » et de la « connaissance du Père ». Aujourd’hui nous pouvons encore l’approfondir, creuser ou nous, laisser creuser plus profondément. Mais plus encore que d’approfondir notre savoir, une notion, elle nous invite à nous situer dans la relation, ce lien profond avec un Dieu, Père de Jésus Christ et notre Père qui ne cesse de nous chercher et de nous aimer. Désirons-nous vraiment de nous laisser trouver pour entrer dans cette « connaissance, communion » avec Lui ? Car le désir de Dieu pour nous suscite en nous notre désir de le connaître, de l’aimer à notre tour.
Car la vie éternelle, n’est pas la vie après la mort mais la vie de maintenant dans le présent tel qu’il est, et qui est appelée à être « Vie pleine », Vie d’amour. Cet amour vécu dans le cœur de Dieu ne s’épuisera jamais et se déploie après la mort.
Les péripéties de l’Église débutante nous interpellent dans cette période de confinement-dé-confinement.
Pour les compagnons de Jésus la mort et la Résurrection de Jésus étaient des évènements chocs. Il y avait un avant et un après. Pour eux ce fut un grand bouleversement. Et ils savent bien que l’après sera tout différent de l’avant et même plus, il faut l’inventer cet après et lui donner corps.
C’est dans cette même situation que nous nous trouvons aussi bien au niveau sociétal, ecclésial, psychoaffectif, économique etc…dans cette crise.
Comme nous, ils ont eu peur, très peur. Ils se sont enfermés pour se protéger, comme nous.
Et puis ils ont prié longuement en communauté avec Marie. Leurs cœurs se sont petit à petit apaisés. Sous le don de l’Esprit Saint ils se sont rendu compte qu’aux évènements ils ne pouvaient rien changer et qu’ils avaient le choix soit de se laisser diriger par les évènements et se laisser enchainer par eux ou bien avec la liberté du cœur décider de diriger les évènements et d’en tirer profit pour vivre et faire vivre ce qui constituait leur vraie vie : Jésus Christ Vivant et son Amour.
Paul en quittant les siens pour Jérusalem savait bien que ce ne serait pas tout rose. Il a prié pour découvrir la vraie dimension de la mission et une fois cette découverte faite, il nous dit qu’il veut mener à bien sa mission jusqu’à sa fin. Quel exemple de confiance et de fidélité pour nous.
Et nous, si nous demandions aujourd’hui à l’Esprit Saint de découvrir chacun et chacune de plus en plus notre vraie mission humaine et d’y rester fidèle jusqu’au bout.
Si nous demandions aujourd’hui de découvrir notre commune vocation d’enfants du même Père, frère et sœur de tous.
Comme Jésus nous avons à achever l’œuvre que le Père a confié à Jésus et à nous, pour qu’il soit glorifié c.à.d. qu’il ait sa juste place pour nous et dans ce monde.
Que l’Esprit saint nous éclaire et nous fortifie, qu’il nous donne sa sagesse pour que nous découvrions en vérité sans nous voiler la face la juste place du Père et du Fils dans nos vies et de là la juste place de toute personne qui croise notre route.
Bonne ouverture à l’accueil de l’Esprit.
Dora Lapière
Méditation-Prière- Dimanche 24.05.2020
7e dimanche de Pâques
Première Lecture | Actes 1, 12-14 |
Psaume | Psaume 26 (27), 1, 4, 7-8 |
Deuxième Lecture | 1Pierre 4, 13-16 |
Evangile | Jean 17, 1b-11a |
Après que Jésus se soit séparé d’eux les disciples retournèrent à Jérusalem en respectant bien les prescriptions du Shabbat.
Et ensemble en communauté ils sont avec des femmes et avec Marie assidus à la prière.
Ainsi en cette période de confinement nous sommes invités d’être, avec ceux qui nous ont transmis la foi et avec Marie, assidus à la prière et de ruminer La Parole pour nous laisser saisir de plus en plus par ce qui habitait le cœur de Jésus et intensifier la relation avec Lui en ouvrant nos cœurs à son Esprit.
Oui, viens Esprit Saint.
Chaque fois que le Ressuscité rencontrait les siens Il leur disait : « N’ayez pas peur ».
Et combien nous savons le danger d’être hantés, paralysés par la peur, un danger qui nous guette tous en cette période d’épreuve et d’incertitude.
Oui, viens Esprit Saint apaiser nos cœurs.
Viens nous remplir de confiance et de sagesse, de respect et de vigilance, viens.
Donne-nous de renforcer notre relation filiale avec le Père, qu’il soit notre lumière et notre rempart car tout est à nous mais nous, nous sommes au Christ.
Dans sa prière Jésus demande :
« Père, tu veux que je (Jésus) donne la vie éternelle à ceux que tu m’as donnés. Et la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent et celui que tu as envoyé. »
En ce temps pascal nous avons déjà prié longuement cette parole de Jésus : « Je suis venu pour qu’ils aient la vie et la vie en abondance. »
Jésus ne désire qu’une chose c’est que nous vivions de sa Vie, que nous vivions heureux.
Et nous serons heureux si nous acceptons de Le connaître c.à.d. : de naître à sa vie d’amour toute donnée, sans réserve, inconditionnellement pour tous. En communiant au Christ nous communions au Père car ils sont UN. Et c’est encore ce même Esprit qui construit notre union communautaire et ecclésiale.
C’est fortifié de cette foi que les disciples découvrent à la Pentecôte sous la pulsion du St Esprit que ce ne sont pas les évènements qui les déterminent mais eux qui déterminent les évènements. La population n’a pas changé, les hostilités non plus. Mais eux ils ont trouvé en eux cette force et cette audace, cette confiance et cette assurance pour proclamer et vivre leur relation avec le Christ vivant.
Et nous dans cette période de crise ? Allons – nous laisser tomber les bras ? Nous laisser envahir et écraser par la peur et la sinistrose ou allons-nous nous battre pour les vraies valeurs de la dignité de tous et une solidarité humaine réelle au nom de l’Amour.
Oui, viens Esprit Saint lumière sur nos route et force dans notre agir.
Dora Lapière
Méditation-Prière – Jeudi de l’Ascension
Ascension du Seigneur – 21 mai 2020
Première Lecture | Actes 1, 1-11 |
Psaume | Psaume 46 (47), 2-3, 6-7, 8-9 |
Deuxième Lecture | Ephésiens 1, 17-23 |
Evangile | Matthieu 28, 16-20 |
Le message de la Parole de ce jour est d’une étonnante profondeur et intensité.
Nous l’avons déjà dit à plusieurs reprises et nous redisons que La Parole s’explique et se comprend par La Parole biblique elle-même. Et aujourd’hui cela saute aux yeux.
Jésus a vécu avec ses disciples en Galilée et après sa mort il s’est fait voir par eux et leur demandait de rester à Jérusalem jusqu’à recevoir l’Esprit Saint.
Nous avons médité la peur des apôtres et des disciples dans laquelle nous avons retrouvé notre désarroi et comme eux nous avons pu et pouvons encore cheminer pour comme eux nous laisser transfigurer par l’Esprit.
Jésus nous promet de ne pas nous laisser orphelin mais de rester dans son amour et il nous laisse son commandement, c.à.d. sa directive pour plus de vie : rester en Lui et aimer comme le Père l’a aimé. Et pour cela il nous promet un défenseur, un protecteur, une force qui nous donne de l’audace, qui nous fait brûler d’amour.
Et puis « une nuée » le cache à leurs yeux. Cette nuée, manifestation discrète et divine qui accompagnait le peuple pendant sa traversée du désert, cette nuée lors de la transfiguration, cette nuée qui nous dit bien la présence de Dieu.
Et voilà les « deux hommes en blanc », qui nous rappellent aussi la présence divine comme les chérubins au temple, comme les deux hommes en blanc au tombeau vide lors de la résurrection.
Oui aussi bien par la nuée que par les deux hommes en blanc le narrateur nous dit clairement l’intervention divine.
Dieu parle, se manifeste.
« Pourquoi restez-vous là à regarder le ciel ? »
Comme le jour de Pâques nous étions invités de ne pas nous arrêter au tombeau vide et nous enfermer dans la mort, aujourd’hui la liturgie nous redit autrement que le Christ n’est pas dans le vide mais bien dans la Vie et que c’est en Galilée, dans « nos Galilée », nos quotidiens que nous avons à le trouver, à faire route avec Lui et à le laisser vivre à travers nous en accueillant son esprit.
La rencontre du Christ pascal ne se fait pas en dehors de l’histoire.
« Seul l’Esprit peut nous faire voir, dans l’obscurité de la vie de Jésus, l’éclat d’un amour transcendant, le point culminant de la communication de Dieu au monde, en même temps que la révélation de notre véritable humanité. »
Éloi Leclerc- Pâques en Galilée pg 109
Prions donc l’Esprit pour pouvoir dire avec Paul dans la deuxième lecture de ce jour Éphésiens 1,17…
« 17 Que le Dieu de Jésus Christ, notre Seigneur, le Père qui est dans la Gloire, se révèle à vous et vous donne un esprit de sagesse pour le connaître en vérité.
18 Qu’il illumine le regard de votre cœur ! Vous saurez alors quelle espérance s’offre à vous à la suite de son appel, et quel riche héritage, quelle gloire il a réservée à ses saints,
19 et quelle force extraordinaire il met en œuvre pour nous qui croyons.
C’est la même énergie toute-puissante 20 qui a agi dans le Christ quand il l’a ressuscité d’entre les morts et l’a fait siéger à sa droite dans le monde d’en-haut…..
…Il est la tête de l’Église, elle est son corps et en elle se déploie pleinement celui qui est tout en tous. »
Et de toute rencontre vraie avec le Ressuscité découle une mission universelle. ALLEZ et faites des disciples.
Puissions-nous aujourd’hui ne pas regarder le ciel dans le vide mais trouver le Ressuscité dans le concret de nos vies, telles qu’elles sont dans ce temps particulier et aussi entendre aujourd’hui : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps. »
Bonne fête de l’Ascension et belle marche vers l’accueil, toujours plus profond, de l’Esprit qui nous fait vivre et qui est toute notre joie.
Dora Lapière
Qu’est-ce qu’être vivant ?
Qu’est-ce qu’être vivant ? En ces premiers jours de début de déconfinement, cette question pour le moins fondamentale et universelle travaille Véronique Margron.
Après nos 55 jours passés confinés, pour la plupart d’entre nous, à entendre qu’il fallait rester-à-la-maison afin de protéger les autres et ne pas faire imploser nos services de réanimation, aujourd’hui voilà qu’il faut sortir. Sortir alors que le virus, s’il circule moins, reste pourtant actif, toujours là, menaçant, inquiétant, invisible.
Alors au-delà des raisons économiques, éducatives aussi, pourquoi sortir ? Je repense à Anne Dufourmantelle, psychanalyste et philosophe, à l’humanité exceptionnelle et qui se tua accidentellement, il y a bientôt trois ans, en sauvant deux enfants de la noyade. Dans un beau livre sur l’éloge du risque, elle débute ainsi : « la vie est un risque inconsidéré pris par nous, les vivants ». Voilà. Voilà la raison de sortir.
Si hier pour rester vivant et ne pas nuire à autrui, il nous fallait rester calfeutrer, aujourd’hui, pour rester vivant, il nous faut sortir. Entre le devoir de se protéger et le devoir de retourner au danger de la vie, il faut se frayer un chemin. « Vivre dans l’amplitude », écrivait de son côté le philosophe tchèque Patočka, disparu sous la torture.
Il n’y a pas de petits risques : aimer, marcher, consoler, penser, parler, grandir, partir, travailler, construire… c’est à chaque fois le risque de vivre qui se dit, du creux de l’incertitude, du danger.
Et c’est bien parce qu’il y a un danger, qu’il nous faut refuser le repli, agir et demeurer dans une solidarité active les uns et les autres et les uns pour les autres. Accueillir notre peur, l’apprivoiser afin qu’elle ne vienne pas nous paralyser, nous verrouiller.
Le risque ou l’alliage du courage et de la liberté, dont tous ceux qui ont pris soin de nous et de notre société ont indiqué, presque ordinairement, le chemin.
Alors sortir avec précaution, avec attention et sens aigu de la responsabilité afin de ne pas mettre l’autre en danger. Oui absolument. Mais sortir et retisser du lien, de la relation, de la vie
Véronique Margron
Edito Rcf, 12 mai 2020