UP Jean XXIII
Méditation-Prière-Jeudi Saint-9.4.2020
La Cène du Seigneur
Première Lecture : Exode 12 1–14
Psaume : Psaume 116 12–13, 15–18
Deuxième Lecture : 1Corinthiens 11 23–26
Évangile : Jean 13 1-15
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Chaque année lors de la Pâque, le peuple juif fait « mémoire » de sa libération de l’esclavage d’Egypte.
Jésus étant juif, très religieux fêtait cette mémoire avec les siens : mémoire de la libération de nos esclavages.
Et Jésus va un pas plus loin, il accomplit cette libération.
Dans l’évangile de Jean le repas en lui-même n’est pas relaté mais Jésus y introduit une nouveauté.
Tout au long de ces semaines, Isaïe nous a pris par la main pour nous faire contempler le serviteur.
Et voilà que pendant le repas pascal Jésus se lève de table et dépose son vêtement, se dénude de son statut de maître, pour se vêtir du linge de l’esclave, s’agenouille aux pieds de ses disciples et leur lave les pieds.
Jésus le maître se fait leur esclave.
Pierre avec sa personnalité fougueuse et complexe réagit très fort. En lui il y a le désir d’avoir part avec Jésus. Mais quelle part ? part à quoi ? une place dans la gestion du royaume ? ou demeurer intimement avec lui ?
Mais après ce service si fort, nous pouvons peut-être admirer Jésus mais nous risquons de nous laisser échapper la fin.
« Avez-vous compris ce que je viens de faire ? … c’est un exemple que je viens de vous donner afin que vous fassiez vous aussi, comme j’ai fait pour vous. »
Accepter que Jésus me lave les pieds, qu’il me rencontre dans les petitesses de mon existence, mes souillures et me laisser purifier, mettre debout, pas pour garder ce privilège pour moi mais pour que je fasse de même avec chaque personne rencontrée.
Les autres évangélistes mettent l’accent sur la rupture du pain, corps livré, rompu pour la Vie.
En Jésus le service et le don de sa vie jusqu’à l’extrême sont indissociables.
Prenons le temps de nous laisser toucher par le mystère, de nous y abandonner et d’y pénétrer ne fut ce qu’un peu.
Contemplons Jésus en ses moments ultimes dans lesquels il vit en apothéose tout ce qu’il a vécu sa vie durant.
Rendons grâce à Dieu, son Père et notre Père pour Jésus et demandons-lui de nous ouvrir les oreilles, les yeux, pour le reconnaître aujourd’hui et de nous mettre en route AVEC lui chaque jour même si la route mène vers Jérusalem.
Prions pour les responsables de l’Église et de nos sociétés qu’ils aient un langage de disciple et qu’ils trouvent, comme tout à chacun, une parole pour soutenir ceux qui sont épuisés en ces temps si rudes.
Prions pour nos responsables d’Église qu’ils soient des pasteurs selon le cœur de Jésus en prenant les brebis souffrants et en difficultés sur leurs épaules christiques.
Prions pour toutes les victimes de la pandémie, de l’injustice et des trahisons humaines qu’ils puissent retrouver ou trouver leur dignité humaine.
Et rendons grâce pour le peuple bien aimé de Dieu dont nous faisons partie et pour qui le Fils n’a pas hésité de donner sa vie.
Dora Lapière
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Méditation –Prière- mardi saint-7.04.2020
Première Lecture : Isaïe 49 1–6
Psaume : Psaume 70 (71) 1–6, 15, 17
Évangile : Jean 13 21–33, 36–38
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Avec tout le peuple chrétien nous sommes en marche avec Jésus vers Jérusalem, lieu de l’amour ultime de Jésus, Fils unique du Père. Dans le silence ou les tensions, la souffrance et le deuil pour certains, nous nous laissons transformer en le contemplant.
Aujourd’hui le prophète Isaïe nous dit : « Ecoutez-moi…Soyez attentifs »
Et il ne cesse de nous répéter la fidélité de Dieu à son alliance avec nous: « Il me connaît dès le sein de ma mère…et m’a gardé dans l’ombre (la protection) de sa main. »
Et si nous l’entendions chacun, chacune et ensemble comme communauté croyante : « Tu es mon serviteur, c’est par toi que je me ferai connaître. »
Oui, nous sommes nés pour être serviteurs de l’amour à l’extrême, pour que cet amour vécu se traduise en gestes de Vie. Nous sommes tous et chacun consacrés pour la Vie.
Et en ces temps difficiles il nous arrive comme le prophète d’être fatigué, épuisés dans la lutte.
Mais Dieu insiste : « C’est trop peu que tu sois mon serviteur….je fais de toi la lumière des nations pour que mon salut parvienne jusqu’à l’extrémité de la terre. » Dans cette mission de serviteur Dieu nous fait rayonner pour notre bonheur profond et celui de tous.
Et Jésus nous dira : « Je ne vous appelle plus serviteurs, mais mes amis. »
Avec Jésus et en Lui nous sommes devenus tous de sa famille, la famille divine et tous frères et sœurs.
Et dans nos épuisements, sois pour nous un roc, un refuge…libère nous…tu es notre espérance, nous nous confions à toi.
Si souvent nous prenons le repas, auquel tu nous invites, avec toi. Peut-être parfois ou souvent comme si cela nous était dû.
Et nous entendons aujourd’hui : « Un de vous va me trahir ». Et nous croyons que cette parole est pour les autres. Est-ce que à notre temps nous ne portons pas tous des petites ou grandes trahisons en nous ? Est-ce que nous ne portons pas aussi de temps à autre ce diviseur en nous, cette incohérence, cette lâcheté ?
A nous de choisir et de nous laisser convertir pour que nos ténèbres soient transformées en lumière de Vie et d’Amour.
Dora Lapiere
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Méditation – Prière – Dimanche des Rameaux-5.04.2020
Entrée messianique : Matthieu 21 1–11
Première Lecture : Isaïe 50 4–7
Psaume : Psaume 22 8–9, 17–20, 23–24
Deuxième Lecture : Philippiens 2 6–11
Évangile : Matthieu 21 1–11; 26 14—27 66
Frappant dans les textes de ce dimanche est la foule.
On la trouve à l’entrée de Jésus à Jérusalem, au jardin de Gethsémani, devant Pilate, à la crucifixion.
A l’entrée à Jérusalem cette foule suit le mouvement hystérique « toute la foule est en proie à l’agitation ».
Ils ont vu vivre Jésus et ils se laissent entraîner peut-être sans opinion personnelle, peut-être avec tiédeur ou curiosité. Mais quelle est leur conviction personnelle ? leur relation personnelle avec ce Jésus qu’ils acclament. Est-ce peut-être une acclamation pour imposer leur rêve à Jésus ? Eux qui attendaient un libérateur ?
Depuis toute sa vie parmi eux Jésus a du se battre pour leur dire qu’il ne correspondait pas à leurs attentes de royauté mais qu’il concrétisait une autre royauté, celle du service et de l’amour partagé.
Et à nous de nous demander où nous nous trouvons dans cette foule en marche aujourd’hui.
Avons-nous un roi et si oui, qui est-il ?et quel roi ? Quelle est notre relation avec toi Jésus, et avec nos frères? As-tu vraiment une place dans notre vie ?
Dans le jardin de Gethsémani, il y a aussi la foule, peu après l’avoir applaudi. O que nous pouvons être influençables, ou réagir par peur ou pour faire comme tout à chacun, penser comme la majorité pour ne pas avoir d’ennuis. Et ainsi le jour d’aujourd’hui nous laissons condamner foule d’innocents sans broncher.
Seigneur que nous nous retrouvons dans ces foules. Aie pitié de nous.
Devant Pilate ils réclament même ta cruelle exécution. Quel virement en si peu de temps !
Et nous qui fermons nos frontières aux migrants et les renvoyons dans la mer pour périr. N’est-ce pas toi que nous refoulons. Et nous pourrions trouver encore beaucoup d’exemples d’injustice auxquels nous nous sommes habitués et nous avons fermé les yeux et les cœurs et nous laissons faire. Comme Pilate nous nous lavons si souvent les mais, nous nous esquivons devant nos responsabilités. Aie pitié de nous.
Et en croix, la foule est là en spectateur à cet évènement si atroce.
Mais à côté de la foule il y a plein d’autres personnages dans lesquels nous pouvons nous retrouver.
Judas qui te trahit avec un signe d’amitié.
Pierre qui est téméraire et après te renie.
Les disciples qui dorment puis fuient sauf un que nous retrouvons sous ta croix.
Les femmes qui t’accompagnent dans ton chemin de souffrance et dont quelques unes se trouvent près de toi à ta mort.
Les soldats qui s’adonnent à cœur joie pour t’outrager, t’insulter, te torturer.
Simon de Cyrène qui est réquisitionné pour soulager le poids de ta croix comme tous ceux qui sont réquisitionnés aujourd’hui pour soulager les souffrances de leurs frères en humanité.
Et il y a Marie ta mère qui sous la croix devient aussi la mère de l’Église.
Il y a le centurion, un étranger, qui reconnaît en toi ta vraie identité.
Prenons le temps de ruminer cette semaine ces récits de la passion d’amour de Jésus et de nous mettre à la place des différents acteurs pour nous laisser regarder par ce Christ souffrant, dans nos frères en humanité, et pour nous laisser transformer par cette rencontre de regards et de cœurs.
Confions nous les uns les autres à la miséricorde de Dieu et implorons la tendresse divine pour toutes ces frères et sœurs en humanité endeuillés par la mort, la guerre, la souffrance, la maladie, la solitude, l’apatrie.
Seigneur écoute le cri de ton peuple, Seigneur libère nous, exauce nous.
Ruminons aussi cette semaine la lecture de Paul en Ph 2, 6-11 et celle d’Isaïe 50 pour découvrir de mieux en mieux le vrai visage et la vraie identité de Dieu devenu visible en Jésus.
Merci Seigneur de nous donner Jésus avec nous jusqu’à donner sa vie et la tienne par amour pour nous.
Béni sois tu.
Bonne semaine sainte et profonde montée vers Pâques, bonne traversée pour plus de Vie.
Dora Lapière
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La louange des oiseaux
Étrange période où, le dimanche dans nos églises paroissiales, les micros demeurent à la sacristie, la soufflerie de l’orgue reste au repos, les guitares ne s’accordent pas et où les voûtes ne répercutent aucune voix…
Dans ces édifices qui nous sont si familiers, on n’entend plus sans doute que le chant des oiseaux.
Étrange année où dans la nuit de Pâques, nous ne pourrons nous rassembler et où, dans beaucoup d’églises, l’Exultet ne pourra pas être chanté.
Il nous faut vivre le triduum pascal d’une manière plus intérieure.
Nous pouvons cependant prier et chanter dans nos maisons !
Sans oublier, de temps en temps, de nous associer à la louange des oiseaux.
Extrait de la revue « Chantons en Eglise«